Gréteth
canal corbeaux,  Théocratie de Len

A la poursuite d’Aeldiselle II

Kendal, notre fier capitaine arbore une plénitude que je ne lui avais jamais vu. A la barre de ce vaisseau il est à sa place, bravant les flots, les embruns parcheminant sa peau.

La traversée

Je le soupçonne d’attaquer les vagues pour faire résonner la coque des coups de boutoir de cette mer inconnue. Il écoute son bateau, lit son environnement, goûte au sel qui cristallise à la commissure de ses yeux. Il hume ce parfum d’éternité volé au vent qui fouette son visage. Il est fier ce capitaine d’être à la manœuvre de ce navire qui nous a été présenté comme pouvant voler à travers les plans. Pour l’heure, nous apercevons à quelques encablures les côte de l’île refuge du mage Guérion. Le rocher abrupte sur lequel nous sommes invités à nous écraser semble accueillir un simple phare, éteint pour l’éternité. Nous cherchons l’entrée de la grotte indiquée par le singulier Arkénas sur cette côte sans plage. Cette forteresse naturelle a été choisi par Guérion parce qu’elle reste à son échelle, humaine, trop petite pour accueillir convenablement le peuple Athnasien. Pas de fracture dans la roche prolongé d’un promontoire laissant imaginer une entrée d’antre draconique. Seule une tour sombre se dégage du plateau de l’île. Décidément, dès que les mages sont seuls et avec un peu de temps ils ont la fâcheuse manie de se construire une tour, certainement pour se rapprocher des étoiles. Enfin, Kendal nous annonce que c’est droit devant, qu’on arrive. Pourtant rien ne laisse présager une grotte pouvant abriter un tel navire. La folie de notre capitaine nous entraînerait-elle vers une mort certaine, écorché, fracassé sur les rochers puis noyé. Décidément seuls les marins peuvent rêver d’une mort aussi atroce. Ces manœuvres semblent chaotiques, répondant à un schéma étrange dispensé par Arkénas resté à quai, minuté par un jeu de sablier disposé à sa droite, désolé, à son tribord. Kendal peut être très ouvert d’esprit mais pas sur un navire, les bons termes sont les seuls termes… c’est certainement la raison pour laquelle les chants de marins sont certes emplis de force et d’émotion mais manquent tout de même cruellement d’envolé qui me cuisent et limite ces derniers aux seules tavernes côtières. Votre serviteur, Fdack de Rina se fera fort de t’écrire un chant qui ravivera les auditrices de Triges à Ôprofonde, De Marelle à Daorn, vers l’infini et au delà mon ami. Telle est la pensée que le Fdack imagine lors de son premier embarquement sur un navire, tous les sens en éveils, cherchant à élucider la lueur propre aux gens de mer brillant au fond de leurs yeux plissés. Ce sera mon cadeau, Kendal.

Une veillée enivrante

Ne laissant rien paraître nous arrivons a l’abri de cette grotte, sans encombre et aussi doucement qu’une main posée pour la première fois sur un mont si longtemps désiré et courtisé. Un escalier directement taillé dans la roche nous montre le chemin. Le temps passe, la nuit tombe. Celle qui s’annonce sera peut-être notre dernière à tous emportant avec elle le souvenir de la nuit passée auprès d’Arkénas. Une nuit bercée de lumière, non pas celle d’un bon feu réconfortant mais bien la lumière d’un monde aujourd’hui disparu. Un monde préservé sous une simple cloche de verre. Un monde gardant en mémoire la ville de Gréteth. Il a été permis à ceux qui le désiraient de simplement posé la main sur la cloche et de ressentir l’activité irradiante d’un mari achetant un bouquet de fleurs à sa femme, d’enfants jouant dans les rues. Une paisible activité à l’ombre d’un arbre gigantesque. Cet arbre majestueux me rappela les contes que nous narraient Tâah et Tong de Nôm. Serait-il possible que cette cloche accueille une part d’Ydrassil. Cela m’aurait-il été accordé de contempler cet être fantastique. Je remercie Arkénas de nous avoir offert ce spectacle, le feuillage barré de traits de lumière donnent à ce tableau le plus beau mariage de couleur qui soit. Jouxtant la ville de Gréteth se trouve un lieu fort singulier. De nombreuses formes étranges sont telles des statues, toutes recouvertes de mousse. Ces dernières ne semblent pas être produites par un artiste déluré mais présentent plutôt des mouvements figés sur l’instant. Chaque forme décline les différentes formes et types de dragons. Très imposant pour la plupart, les postures, les ailes, les têtes, toutes sont différentes. Tous sont différents, certains peuvent être sveltes et élancées, d’autres sont ramassés, j’ai même cru reconnaître un serpent de mer ou une chimère mélangeant un dragon et une tortue. Serait-il possible que je survole ce que l’on appel un cimetière de dragon. Viendraient-ils passer leurs derniers instants au pied d’Ydrassil? Non, la cloche cherche simplement à me rassurer. Elle a certainement le pouvoir de faire vivre les fantasmes aux hommes en apportant chaleur et réconfort.

Action ou désillusion

Pour l’heure un choix onirique s’offre à nous. Allons nous attendre demain en espérant ne pas être tombé dans un piège ou bien avançons nous crânement au devant d’un danger aussi sûr que mortel. En usant du sort de rhétorique du Fdack, j’ai réussi à faire plier nombre d’âmes bien mijaurées qui voulaient rester sur place au risque de prendre un bon bain en une aussi charmante compagnie que seules les naïades peuvent dispenser. Nous avons une mission mes amis et tout danger nocturne se tapissant dans l’ombre au delà de cet escalier aura affaire à nous ! Mon discours aura eu un tel effet que des ailes ont poussé à certains et je me surprends à discuter avec ce fin conteur d’exploits qu’est Osguedor au milieu de la colonne marchant droit vers la tour de Guérion distancé par une troupe de guerriers et guerrières transcendés par mes vers et son or.

Le mage Guérion, simple pion.

Comment un simple homme pas plus grand qu’un pixie à Ôprofonde aurait-il pu pousser une telle citée à la disparition. Si un dragon écarlate avide de puissance telle Aeldiselle en était capable, c’est que la puissance de cette dernière dépassait celle des dragons défunts que j’ai vu hier soir lors de mon survol de la cité. Une autre possibilité bien plus probable est que les dragons qui ont choisi de finir ici ont sacrifié leurs pouvoirs avant de pénétrer en ces lieux. C’est vrai que l’impression qui se dégage des rues de Gréteth est une forme de sérénité candide exsangue de l’avidité naturelle des dragons. Jadis, cette ville devait accueillir un peuple pacifique et assez simple toutes proportions gardées. Si l’histoire de Gélémniros est vraie, le retour de Guérion a ouvert une brèche pour entrer dans ce demi-plan sans avoir été invité préalablement. Ce qui permis à Aeldiselle d’entrer bien avant l’heure sans avoir à en payer le tribut. Pour mémoire, 600 ans avant notre incursion et le sommeil de Gélemniros, un cercle de dragons avaient trouvé le moyen d’envoyer un homme de confiance voler une relique. Pourquoi un simple homme, sans lien avec une quelconque parenté draconnienne. C’est certainement là que réside la clé. Un être sur lequel « l’Esprit des Errants » n’a pas de prise. Un porteur qui n’était en revanche pas immunisé aux tentations démoniaques.

« l’Esprit des Errants »

Ce livre à la couverture de pierre telle qu’il nous a été présenté attire l’essence draconique des défunts en son sein. Une sorte de phylactère commun aux illustres rêveurs. Cela pourrait rester anecdotique si le créateur de cette relique n’avait pas rajouter une petite particularité qui fait toute la différence et ainsi exacerbe la cupidité de tout être suffisamment puissant pour l’exploiter. C’est navrant de constater que même dans la « mort », ce qui irradie de leur tombeau est ce qui défini le mieux les dragons, la cupidité et la soif de pouvoir. Il est possible d’enchâsser deux joyaux dans la couverture. Le lien karmique qui existe entre les défunts et les vivants dépend directement du choix de ces joyaux. Pour l’heure les joyaux sont démoniaques et le lien karmique permet de pervertir les œufs de dragons pour créer des bâtards que sont les drakonians. Gélémniros nous indique qu’il est possible d’inverser le lien et ainsi de libérer les œufs de la perversion démoniaque. Il est évident que le choix des joyaux ouvre tout un champs de possibilité qui interdit donc à tout dragon aussi bon soit-il de posséder à la fois les joyaux et l’Esprit.

Soyons pragmatique, la solution la plus pertinente serrait de confier cette relique à votre serviteur le plus dévoué. Ainsi, l’innocence, l’élégance et le magnétisme de la parfaite création florale saura caché à la vue de tous la forêt tant convoitée.

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