A la poursuite d’Aeldiselle
Tout n’était pas à notre désavantage dans cette ville dépeuplée.
Tout n’était pas à notre désavantage dans cette ville dépeuplée. La fine couche de neige nous indiquait justement l’absence de monstres rampant ou se déplaçant sur deux pattes ou plus. Il n’en demeure pas moins que les traces que nous laissons permettraient à un troll ayant mangé trop de champignons de nous retrouver en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. J’aimerai dire à mes amis comment marcher sur la neige sans laisser de traces mais un simple regard sur Zimladen qui me précède m’en dissuade. C’est quelque peu amusé que je contemple ces mouvements, sa grâce innée héritée de la noblesse naine. Ces empreintes sont à la fois régulières, décidées et quelques peu précipitées. On ne peut reprocher à un nain, aussi talentueux qu’il soit de vouloir tenir la cadence que nous impose le Justicar. Je crois savoir qu’un nain ne se laisse pas distancer bien facilement, c’est une question d’honneur à ce qu’il paraît. La moindre marche de cette ville est un mur pour notre ami et le voir se hisser une jambe après l’autre avec un fort tintement de mithril me fait à la fois sourire et me rappel que nous ne devons pas traîner. Je remarque aussi que malgré sa fausse légèreté nous serions bien nombreux à arrêter l’ascension avant que notre ami ne songe à faire la moindre pose.
Nous pouvons nous accrocher à ce vain espoir que la ville était à nous. Je me suis même pris à imaginer les trésors que devait receler cette ville disproportionné. Une simple pièce d’or serait un lingot, une bague pourrait se porter comme une couronne, un diadème comme une ceinture qui serait du plus grand effet. Remettons donc les petites emplettes à plus tard et dirigeons nous prestement vers cette grande bâtisse qui semblait être une sorte d’hôtel de ville. Au cours de notre escapade en terre inconnue j’ai bien tenté quelques approches auprès de notre ami Orin, il fallait que j’en sache plus sur ce dragon bleu, sur les cristaux qui le transperce et surtout sur ce fameux moyen de l’approcher. Mais je crains que notre nouvel ami soit quelque peu absorbé par ce fameux bâton de commandement. Il est vrai qu’il se dégage de ce dernier une puissance que j’ai rarement eu l’occasion de contempler, voir de posséder.
Cité de Greteth
Alors que je glisse à Tâah l’idée fort constructive que je nous verrais mieux dans ce très accueillant établissement qu’est « la mélodie d’automne » et que je m’interroge sur ces trésors cachés. Fuyu, l’homme de confiance de Buntaro s’approche et nous fais part de son malaise au fait de rester en groupe et me demande s’il peut jouer son rôle d’éclaireur. J’aime bien cet homme là et c’est avec un sentiment partagé que je le libère, non sans s’être mis d’accord sur un signal d’alerte et après lui avoir confié une des précieuses fioles d’Argus. En effet, le sentiment est partagé parce ce qu’il a entièrement raison de partir pour l’intérêt du groupe mais je me sens aussi responsable de lui. Pour mémoire il nous a sorti de prison avec Radwien et c’est moi qui suis allé le cherché pour cette mission suicide dont les tenants et aboutissant lui sont totalement étranger. En l’observant s’éloigner je me dis que je ne le laisserai pas derrière moi, il dégage une assurance et une loyale détermination qui transparaît même dans sa technique de déplacement. Un regard complice à Tâah nous accorde sur l’exotisme de ces mouvements qui ne laisserons eux aucun souvenirs sur cette neige non moins exotique. Le tintement du mithril nous rappelle que la Moria est en marche et nous arrache un rire qui nous fait du bien. Kendal et Osguedor s’approchent alors, sentant qu’ils ne veulent pas être en reste j’improvise alors une petite boutade que je veux communicative. Un public aussi réceptif réchauffe le cœur, c’est un moment précieux surtout lors d’une partie de chasse improvisée au dragon liche… L’immaculée blancheur des dents d’Arkhar sont encore une énigme pour moi mais je suis sûr qu’il a apprécié ce court moment. Il est temps pour nous de rejoindre le groupe, d’autant plus que j’en est une bonne à leur raconter.
Le temps ici est à la mesure de la cité, il passe vite trop vite. Le ciel blafard qui nous accompagne depuis le début nous cache un astre qui cherche à quitter ces lieux bien trop précipitamment. Cela ne me plaît guère et nous devons trouver un abris d’ici deux à trois heures. L’expérience de la visite de Caril me revient alors en tête. La ville était entièrement déserte jusqu’à la tombé de la nuit où les rues s’animaient de nombreux morts qui jouaient indéfiniment la même journée, le tout orchestré par un vampire fort sympathique du nom de Sébastian Ténebrume si mes souvenirs ne me jouent pas de tours. Mais pour l’heure je m’égare et l’idée de rencontrer des morts de plusieurs mètres de haut ne m’enchante pas vraiment. Mon courage a tout de même certaines limites.
Enfin nous arrivons dans ce grand bâtiment qui aurait pu inspirer un monastère, une bibliothèque ou bien une cathédrale. Le lieu dégage une impression d’immobilisme, à la fois grandiose et mortellement austère. Quelque peu déroutant ce mélange de multiples inspirations. Le temps est passé par là et les étages qui soutenaient les étages ont disparu, le bois étant retourné poussière. Notre instinct nous montre un possible refuge au dernier étage de la bibliothèque. Nous gravissons un escalier extérieur encore en bon état. De là haut nous aurons peut-être un peu de temps pour nous préparer si une mauvaise surprise venait à se présenter. Derrière une porte épaisse et renforcée de barreaux de fer se trouve une pièce circulaire où de simples bancs de pierre entourent un piédestal sur lequel est posé une cloche en verre. Après être passé par une fenêtre ouverte, les deux experts constatent que la cloche emplie de buée est protégée par un système d’une complexité extrême que seul des esthètes versé dans l’art du crochetage dans ce milieu de maîtres d’arme peuvent ouvrir. Un liquide vert suinte du mécanisme. Un lointain souvenir nous revient, ce liquide semble s’apparenté à celui emplissant les interstices d’un bas-relief représentant un serpent de mer. Nous étions alors Tâah et moi sur la piste de Faeneris Kelkan, le compagnon du Trèfle Laconique. Après que la pièce ce soit emplie d’une eau saumâtre, le bas relief c’est animé pour partir en chasse. C’était sans compter sur la réactivité et l’aplomb de nos héros qui ont réussi à subtilisé quelques broutilles et pistes sans importances. Se souvenir nous rappelle juste à la prudence, nous verrons plus tard car les événements se précipitent, Fuyu lance l’alerte. Une silhouette s’approchent. Il faut ouvrir au groupe mais ce lieu cache quelques surprises qui nous frappe de plein fouet laissant la porte scellée. Le groupe se cache alors sur les extérieurs laissant ainsi la silhouette s’installer consciente d’aucun danger sur le banc faisant face à la porte. Rien ne se passe, d’aucun prend la moindre décision alors votre serviteur saute au devant du danger et fait face au géant encapuchonné. Cet être ne paraît pas hostile et l’expression de son visage montre même des signes de contentement. Une présence amicale est une sensation qui n’a pas besoin de mots pour être appréciée. Le groupe se présente alors à notre hôte, Arkénas qui se propose de nous accueillir pour la nuit.