canal corbeaux

Le sentier bucolique

Le crépuscule a laissé la place aux étoiles. Les tasses de thé restent seules sur la table basse. Les brides de feuilles éparses sont venus se coller de biens étranges manières sur les rebords de la théière. Un coup d’œil rapide permet de compter sept tasses, dont trois posées dans les règles de l’étiquette rexcanne. La maisonnée dors à point fermé.


Le long de la berge un léger bruissement de tissu se mêle à la cour, mené par des grillons transis. Les pas feutrés viennent à peine déranger les lucioles qui illuminent le sentier. « Vous semblez vous dérober dès que nos regards se croisent … c’est pourquoi j’ai choisi le noir de la nuit pour venir te voir. Permets moi de cheminer et de profiter du calme de la nuit. »

Nulle réponse ne fend le silence retombé, une simple hésitation, une esquisse de retour sur ses pas et finalement, le cheminement reprends d’un pas légèrement moins assuré, un pas plus attentif. Un mouvement sur la droite, l’interlocuteur se tient au milieu d’un carré d’herbe dissimulé que par l’épaisseur de la nuit. Les pas se mêlent aux pas, dans une danse lente et harmonieuse. Après quelques interminables minutes c’est elle qui brisa le silence.

« Êtes vous sûr de pouvoir retrouver votre maison une fois que mes pas se seront tus ? » « Il me semble que ne pas avoir de foyer est le meilleur moyen de ne jamais se perdre. Pourtant qui ne rêve pas de faire taire ses pas une fois rentrer chez soi où que ce soit. » « Vous jouez avec les mots mon ami » « Je joue de tout en effet. Mais le jeu est des plus sérieux j’en conviens. Quoi de plus difficile que de faire sourire ou rire. Quoi de plus sérieux que d’accepter son propre rire en ces temps sombre. Pas plus tard que ce soir, tu as sourie, pas un regard, pas un geste, rien qu’un sourire. Saches que la victoire de certains hommes se mesure au sourires qui lui reviennent. » « Vous êtes bien étrange et je doute que vos mots aient une portée qui dépassent vos lèvres. » « Dans bien des mondes être ange est bien étrange et je vous invite dans cette voie. Nous verrons bien si votre voix a une portée qui saura rejoindre les miennes. » « Vous savez comme moi que les lèvres sont accessibles avec un petit sourire bien affiché, un de ceux si facile à faire derrière lequel se cache les plus vils pensées. Vous me dites que je peux faire de vous un soupirant avec un simple sourire. » L’attaque a portée, le drôle marque une pose dans ses pas, la mesure est suspendue. Puis vient son tour de marquer une pose, le sourire au coin des lèvres, elle se retourne et appelle : « Viens, je… »

Le prochain mot ne sortira pas, perdu pour toujours. Sa voix avait portée et les lèvres s’étaient jointes. « Tu vois, ce n’est pas très compliqué. » A peine sa phrase achevée, il reprit le chemin d’un pas léger et partageant le sentier avec les lucioles. « Vous jouez un jeu dangereux, peut-être même trop pour vous, tu ne sais pas qui je suis. » « Et je devrais craindre qui tu es vraiment, certes mais là n’est pas le problème. Nous avons choisi de ne pas subir le mal qui nous assaille et nous ne pouvons nous encombrer de la sorte. Pourtant j’aimerai tant te proposer une vie simple ou exaltée, prendre le temps de se découvrir, voire de s’aimer. Mais je m’enhardis alors que je ne sais pas ce que vous éprouvez, votre cœur saigne ou brûle peut-être déjà. Si tel est le cas, veuillez finir cette promenade amicale et restons-en là. Les conflits sont déjà suffisamment nombreux en ces terres. » « Vous avancez pour mieux reculez, c’est quelque peu déconcertant. Vous plantez quelques graine en espérant que certaines poussent. Un bien curieux mélange de sincérité et de naïveté que je goûte à sa juste valeur » Il lui prit alors la main qu’il guida à la base de son cou. Elle sentait alors le souffle de la nuit lui filer sur la nuque. Un objet de taille moyenne vint prendre possession de son autre main. Cette dernière fut guidé jusqu’à la première. Elles reconnurent une petite pince à cheveux. La texture est étrange et semble dénuée de pierreries ou autre métal précieux. Un bien curieux présent pour courtiser une femme du monde qui a passé l’age de ces fantaisies. Il la guida encore pour que l’objet se niche au cœur de la chevelure de la dame, a l’abri des regards de quiconque n’a pas à savoir.

« Pour l’heure, laissez moi vous glisser ceci, une simple pince à cheveux que j’ai élaboré avec les essences qui nous entourent et qui, avant cela étaient de simples graines. Rien de bien précieux hormis le souvenir de ces merveilles qui nous entourent. Un bijou simple et unique qui n’a de valeur que ce que l’on veut bien y mettre dedans. Si, il a bien un pouvoir, celui de réconforter son porteur lorsqu’il se sent seul ou perdu. » Le temps passe vite au bord de ces eaux aussi calme soit-elles. Il lui propose alors de rentrer. Elle qui n’avait rien dis depuis s’arrêta. « Je crains de m’être quelque peu égaré sur ce sentier, voudrais-tu m’aider à retourner à la maison, je te suis. Et puis nous avons encore à parler tous les deux. »

Ceci n’est qu’un extrait de texte d’une épopée que j’ai pu dénicher dans la bibliothèque de la Manil. Elle n’est peut-être pas très bien écrite mais elle a le mérite de m’avoir fait sourire.

« Je vie le pari de ne pas avoir le choix. Je choisi de parier sur la Vie»

Fdack de Rina.

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