Les hauts massifs kalgadokai
Dans un village reculé de la Plaine des Ogres Dieux, vivait un jeune Kalgadokai nommé Arik Finfole. Fasciné par les récits épiques des anciens sur les mystères des hautes forêts, Arik rêvait secrètement de s’aventurer au-delà des collines abruptes et des canaux sinueux qui entouraient son humble village. Bien qu’on lui ait toujours enseigné la méfiance envers les étrangers, son esprit curieux brûlait d’une passion ardente pour explorer les secrets cachés des massifs boisés, territoire des énigmatiques Faë.
Un matin brumeux, tandis que le village s’éveillait doucement, Arik se glissa hors de sa modeste demeure faite de bois et de roseaux tressés. Son cœur palpitait d’excitation alors qu’il observait les lueurs délicates du soleil se frayant un chemin à travers les frondaisons. Vêtu de sa tunique de lin usée et muni d’un sac en peau de bête contenant quelques provisions, il se mit en chemin, déterminé à percer les secrets millénaires de la luxuriante canopée.
Dès qu’il pénétra dans les profondeurs de la forêt, Arik fut enveloppé par un monde enchanté où les rayons du soleil dansaient entre les branches touffues des arbres millénaires. Il fut émerveillé par la mosaïque de couleurs formée par les mousses et les lichens qui tapissaient le sol et les troncs vénérables. Il entendit le murmure envoûtant des ruisseaux cristallins serpentant entre les racines noueuses des arbres majestueux. L’eau semblait lui parler. Il resta quelques heures dans les hautes forêts, loin des sentiers des bucherons.
Au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans la forêt, Arik sentit l’énergie mystique de l’endroit imprégner son être, l’invitant à découvrir des merveilles insoupçonnées. Il croisa des lueurs fugaces d’êtres faériques, des silhouettes éthérées se mêlant aux ombres des sous-bois, et ressentit la présence bienveillante de ces gardiens insaisissables.
Lors de son périple, Arik se retrouva face à une série de cascades majestueuses, dont les eaux tourbillonnantes chantaient une mélodie hypnotique. Il s’approcha prudemment, émerveillé par la puissance tranquille qui se dégageait de ce spectacle naturel. À mesure qu’il s’approchait, il sentit une présence dissimulée derrière les voiles d’eau. Des murmures doux et mélancoliques semblaient flotter dans l’air, portés par les gouttelettes éclaboussantes. Il sut alors que les clercs des eaux pures, gardiens silencieux de ces chutes sacrées, l’observaient avec bienveillance, l’invitant à honorer l’équilibre délicat de cet écosystème.
Mais au fil des heures qui s’écoulaient, la lumière du jour commença à décliner, enveloppant la forêt d’une obscurité profonde. Des êtres sombres émergèrent des recoins les plus secrets, leurs silhouettes dansant entre les troncs ancestraux. Arik frissonna, conscient de la présence des Faë, protecteurs mystérieux de ces lieux inexplorés. Leurs yeux luisants dans l’obscurité semblaient scruter son âme, testant sa détermination et son respect envers la nature qui les abritait.
De retour dans son village, il comprit que les récits des anciens ne révélaient qu’une infime partie des mystères de la forêt, et que sa propre aventure avait été le véritable début de sa quête pour comprendre l’harmonie fragile entre les Kalgadokai et les êtres magiques qui régnaient sur ces terres envoûtantes.
Il décida d’y retourner le jour suivant. Cette fois, il s’enfonça davantage, escaladant ravines humides, s’accrochants aux vielles racines, et courbant le dos pour passer sous la végétation dense. Alors qu’il avançait avec prudence, Arik se retrouva face à un ermite vêtu de guenilles, un sage Kalgadokai isolé qui avait choisi de vivre en harmonie avec les forces mystiques de la forêt. L’ermite, son regard sage empreint de bienveillance, reconnut immédiatement l’innocence et la curiosité pure d’Arik. Il lui raconta les légendes oubliées des Kalgadokai et des Faë, tissant une histoire épique de conflits passés et de paix fragile. Sous la tutelle de l’ermite, Arik apprit l’art subtil de respecter les forces de la nature, d’honorer les esprits gardiens et d’écouter les murmures de la terre ancienne. Chaque jour, il méditait au bord des cascades, où il se sentait enveloppé par la sagesse millénaire de la forêt. Il apprit à reconnaître les nuances des bruits de la nuit, à percevoir la mélodie discrète des êtres de l’ombre et à comprendre le rôle vital des clercs des eaux pures dans l’équilibre délicat de ce monde enchanteur.
Hélas, ses intrusions ne passait inaperçue. Des bruits étouffés et des ombres furtives commencèrent à le suivre, témoins de son audace. La forêt, pourtant accueillante, semblait lui signifier qu’il avait atteint la limite de ses expériences. Un jour, alors, que le crépuscule colorait le ciel de teintes pourpres, Arik comprit que la sagesse de l’ermite et des hautes forêts était réservées à ceux qui respectaient son équilibre délicat. En était-il digne ?
Malgré tout, il décida de forcer le destin et de continuer son voyage vers les profondeurs mystérieuses de ces hautes forêts. Avec humilité, il s’avança, ressentant le poids de la responsabilité que lui imposait cette terre sacrée. Il s’avança et jamais on ne le revit. il fut englouti par la sylve.