Au revoir Ator Grida
Les corbeaux avaient passé de rudes journées d’enquêtes, de poursuites et de fuites entre la ville et la porte du désert. Tantôt face à des assassins, tantôt affrontant des créatures du désert ou les Pyrrhules du devin des Mrat Seculan. Bref, ils retournèrent à la grande bibliothèque d’Ator, leur refuge. Là, protégés par l’esprit amical du monument séculaire, les aventuriers prirent un peu de repos. À dire vrai, ils sombrèrent profondément, emportés par le sommeil du juste. Seul Khaled Ben Rafal préparait déjà leur futur périple vers le sud et les territoires des ogres dieux. A leur reveil, ils décidèrent d’un commun accord de partir de nuit, afin de profiter de sa fraicheur.
La traversée de nuit des collines désertiques à dos de scorpion ne posa aucun problème. Ben Rafal connaissait bien son domaine. Les combes, gouffres et passes dans les canyons du désert se succédèrent tranquillement sans aucune embuscade. Le lendemain soir, ayant souffert uniquement de la chaleur et de la fatigue, ils arrivèrent sans accros devant l’entrée dissimulée des verts corridors.
Au travers des corridors
Alors les aventuriers s’engouffrèrent dans le cœur du désert, descendant toujours plus profondément pour pénétrer dans les cavernes labyrinthiques des verts corridors. La lumière les accompagnait toujours par les innombrables fentes dont s’écoulait le sable fin du désert. Une lumière orangée offrait aux corbeaux une atmosphère agréable, presque onirique. Cependant, après une nuit de marche suivie d’une journée dans une chaleur insoutenable, tous étaient exténués. En arrivant quelques dizaines de mètres sous la surface, leur guide les mena jusqu’à un refuge taillé dans la roche et accessible par un unique passage secret. C’est là que Zim laden pu enfin ouvrir son tonneau de bière et partager le divin godet. Avec une quantité de bière bien insuffisante dans le ventre, et beaucoup trop sobre pour s’endormir paisiblement, Zim Laden Griffe d’ours se dirigea vers la fenêtre de leur refuge. Celle-ci offrait une vue imprenable sur une immense caverne éclairée ici et là par des puits de lumières, arrosant de sable la roche presque cristalline. C’était beau. Avec plus de bière, ce spectacle aurait pu être magnifique. Quelle pitié d’en avoir si peu se dit-il !
Le groupe reprit des forces et se remit en marche pour arpenter les couloirs, les boyaux et les innombrables grottes qui les attendaient. La première journée souterraine fut assez plaisante, car la fraicheur des grottes sèches faisait du bien. C’est dans ce lieu caché du monde que les corbeaux se rendirent compte que la chaleur était vraiment insupportable à la surface. À la mi-journée, ils se reposèrent au pied d’un grand roc, dans une crevasse qui serpentait sur des kilomètres en perçant parfois la surface du désert dorien.
Ils reprirent ensuite leur chemin, mais Thâ sentit que quelque chose les suivait. Sans relâcher son attention, il se déporta un peu du groupe et observa attentivement les environs. Tout était calme, seul le vent et le bruit des chutes de sables venaient perturber la béatitude des lieux. Les corbeaux avancèrent prudemment dans les couloirs, découvrant de spectaculaires cascades de sables bercées par de fabuleux miroitements. Les roches, le sable et les cristaux filtraient la lumière de façons envoutantes. En arrivant dans une immense cavité éclairée par quelques puits de lumière, Khaled arrêta le groupe. Un rocher à flanc de pierrier offrait un excellent refuge en promontoire. De là, le groupe pourrait se reposer et ne pas être surpris par les créatures autochtones. Chacun prît donc son tour de garde dans le silence. Zim décida de faire un feu afin de manger convenablement puis il prit son tour.
Au milieu de la nuit, un bruit étrange de glissement et de chuintement, alerta l’habile tha. C’était le tour de garde de Zim Laden.